Incrédulité générale : "ah bon, c'est les débats de 74 et 81, au mot près, quel intérêt ?".
L'intérêt, c'est évidemment de mettre en perspective les débats d'aujourd'hui, ceux de la démocratie participative, ceux de "j'ai une question à vous poser", et de se rendre compte en live à quel point c'était plus intelligent et surtout plus violent.
Mettre en lumière les choix de société et les vrais enjeux, ce n'est pas faire semblant de confronter les politiques avec les français, qui viennent chacun présenter leur problème par le petit bout de la lorgnette, en faisant croire qu'on va interpeler les politiques sur les vrais problèmes de la vie de tous les jours, sous prétexte que les journalistes politiques sont complaisants et partiaux.
En revoyant les débats de 74 et 81, on réalise à quel point il est nécessaire que les protagonistes se donnent la réplique (l'antithèse des "débats" du PS, sans question directe). On réalise que les mettre aujourd'hui en face des français est un marché de dupe, un combat forcément gagné d'avance, tellement ils sont armés pour leur donner la réplique (c'était il y a 25 ans, alors aujourd'hui...). A moins de réduire le débat politique aux problèmes particuliers de chacun, ce qui est exactement l'inverse du rôle même du politique.
On prend conscience de la belle mécanique intellectuelle de Giscard (que l'on a toujours pris pour un vieux crouton, date de naissance postérieure à 73 oblige), et du génie de Mitterrand, qui pour conclure le débat de 81 commence par regretter de ne pas avoir pu parler de deux sujets importants : la mondialisation et les technologies, deux thèmes à l'époque tellement éloignés des sujets d'actualité, mais aujourd'hui tellement évidents.
On voit d'un côté un polytechinicien analyser les problèmes avec logique, répondre aux questions de manière précise, et apparaître au final comme un homme sur la défensive, et de l'autre un avocat brillant, écarter d'une pirouette les questions qui fâchent, et partir dans une grande envolée lyrique sur la liberté, valeur de droite par excellence.
On voit enfin en sortant un étudiant, qui n'a pas compris que la pièce reflète au mot près les débats de l'époque, et qui dit à son voisin "en tout cas si c'est effectivement les vrais débats de l'époque, y avait de quoi être fier du niveau de la campagne"...
En creux évidemment, la campagne 2007 ne peut que faire pâle figure...
Les commentaires récents